Défis du Québec

1. Des retards de productivité et de croissance économique (TOP)

Comme le montre le tableau 1 , au cours des trois dernières décennies, le taux de croissance du PIB réel du Québec a généralement été plus faible que celui du reste du Canada et des États-Unis.

La récession du début des années 1990 a frappé plus durement le Québec et l'Ontario que le Canada et les États-Unis. Le faible taux de croissance annuel composé pour la période 1990-1994 au Québec (1 %) trahit à la fois une récession plus dure et une reprise plus lente au Québec que chez ses voisins.

Avec une hausse de son PIB de 2,1 % par année de 1981 à 2007, la croissance du PIB réel québécois se situe également derrière la croissance moyenne des pays de l'OCDE, des États-Unis, du Canada et de l'Ontario.

En 2008, la productivité au Québec demeure toutefois généralement inférieure à celle de ses principaux partenaires, comme le montre le graphique 4. Ainsi, mesurée en dollars américains, la productivité en Ontario est de 42,58 $ par heure travaillée, alors qu'elle est de 43,10 $ au Canada et de 44,60 $ aux États-Unis. Au Québec, ce nombre est de 38,49 $, comparativement à 34,00 $ pour l'ensemble des pays de l'OCDE.

2. Un marché du travail moins dynamique et un taux de scolarité de la main-d'œuvre à la traîne (TOP)

Historiquement, le taux de chômage du Québec était plus élevé que celui de l'Ontario et du Canada comme l'illustre le graphique 11. L'écart entre les taux de chômage du Québec et de l'Ontario a été particulièrement élevé pendant les années 1980, alors que le Québec connaissait un taux de chômage supérieur à celui de l'Ontario d'environ quatre points de pourcentage. Cet écart s'est toutefois comblé depuis, avec une diminution continue de l'écart de taux de chômage depuis la fin de 1999. L'écart est même devenu négatif en janvier 2009, le taux de chômage du Québec étant passé sous celui de l'Ontario, une première depuis 1976, ce qui ne se reflète évidemment pas encore dans les données annualisées du graphique 11.

Le Québec a également un taux de chômage supérieur aux autres juridictions de référence. Si la différence avec le taux de chômage canadien demeure relativement stable dans le temps, généralement autour de 1,5 à 2,5 points de pourcentage, elle a tendance à diminuer lorsqu'on considère l'écart avec les États-Unis et les pays de l'OCDE. La réduction de l'écart avec les États-Unis a commencé lors de la reprise qui a suivi la récession du début des années 1990. Ainsi, depuis 1996, l'écart entre le taux de chômage du Québec et celui des États-Unis a diminué régulièrement, passant de 6,5 points de pourcentage en 1996 à 1,4 point en 2008.

Si on le compare aux juridictions de référence, le Québec comptait proportionnellement moins de personnes de 25 à 44 ans détenant un grade universitaire en 2006, comme l'illustre le graphique 14 . Au Québec, 26,5 % de la population détenait une formation universitaire, comparativement à 27,5 % au Canada et à 30,9 % en Ontario. Aux États-Unis, ce pourcentage était de 35,5 % alors qu'il était de 37,3 % dans les pays de l'OCDE. Le Québec détenait donc près de 30 % moins de personnes avec un grade universitaire que la moyenne de l'OCDE, 25 % moins que chez son voisin du Sud et près de 15 % moins que l'Ontario.

3. Des revenus individuels et familiaux significativement inférieurs au reste du Canada (TOP)

Le graphique 19 illustre que, depuis 1976, les revenus médians après impôts et transferts, tant des personnes seules que des familles, sont plus faibles au Québec que ceux observés au Canada pris dans son ensemble ou qu'en Ontario.

4. Une population vieillissante et un déficit migratoire interprovincial persistant (TOP)

La combinaison de la hausse du nombre de personnes âgées de 65 ans et plus et la contraction du nombre de personnes de 20 à 64 ans fait rapidement augmenter le ratio de dépendance âgé. Le graphique 35 illustre que si ce ratio au Québec était pratiquement égal ou inférieur aux autres en 2000, il augmentera ensuite plus rapidement qu'ailleurs pour devenir le ratio le plus élevé en 2031.

5. Des écarts grandissants de croissance démographique et de dynamisme économique entre les régions métropolitaines et périphériques (TOP)

Comme le montre le graphique 46 , le PIB nominal par habitant des régions québécoises était fortement hétérogène en 2008. Alors qu'il se situait à près de 64 000 $ dans le Nord-du-Québec, il était de 22 000 $ dans Lanaudière et en Gaspésie. Le PIB par habitant du Québec dans son ensemble était de 36 500 $ en 2008. Seules quatre régions dépassaient cette borne : le Nord-du-Québec, Montréal, la Côte-Nord et la Capitale-Nationale.

Les perspectives démographiques à long terme des régions québécoises montrent que les régions adjacentes aux régions métropolitaines connaîtront une croissance marquée jusqu'en 2031. Alors que tout près de 4 millions d’habitants y résidaient en 2006, en 2031 ce nombre devrait avoir atteint près de 5 millions d'habitants. Cela implique une croissance de 23 % par rapport à 2006, soit en moyenne 1 % par année. Tel qu'illustré par le graphique 49 , les régions métropolitaines connaîtront également une hausse de leur population, passant de 2,5 millions d'habitants en 2006 à 2,8 millions d'habitants en 2031. Cela représente une hausse totale de 12 % sur 25 ans ou 0,5 % par année en moyenne. En somme, la croissance de la population dans les régions métropolitaines sera deux fois moins rapide que celle des régions adjacentes. Les régions périphériques maintiendront tout juste leur population autour de 1,1 million d'habitants au cours des 20 prochaines années.

6. Un fardeau fiscal élevé selon les standards internationaux (TOP)

Le graphique 51 met en perspective l'évolution du taux de pression fiscale du Québec avec celle de la moyenne des pays de l'OCDE, du Canada, de l'Ontario et des États-Unis. Le taux québécois se distingue par une augmentation plus marquée. On observe une nette croissance du taux de pression fiscale québécois entre 1985 et 2006, passant de 34, 6 % à 39,5 % du PIB. Jusqu'au milieu des années 1980, le taux de pression fiscale du Québec s'approchait de celui de l'OCDE, l'écart a ensuite grandi.

7. Des dépenses publiques plus élevées que dans le reste du Canada et des pressions à la hausse (TOP)

Le graphique 60 permet aussi de constater que les dépenses de programmes du Québec ont oscillé entre 24 % et 28 % du PIB dans les 20 dernières années. Entre le sommet de 1993 et le creux de 2001 se retrouve la période de lutte au déficit, qui a suivi le sommet socio-économique de 1996 et qui a mené au déficit zéro en 1998, dont l'impact est clairement visible. Enfin, dans les toutes dernières années, les dépenses du gouvernement du Québec ont augmenté plus rapidement que la croissance économique, un phénomène qui s'observe aussi dans les autres provinces mais dans une moindre mesure. Que ce soit au Québec, en Ontario ou dans la moyenne des provinces, les dépenses gouvernementales sont en hausse constante depuis 1989 si on les mesure par habitant en dollars constants, sauf pour les années de 1996 à 1998, soit durant la lutte au déficit. Après le gros des compressions, en 1998, l'ensemble des provinces canadiennes avaient réduit leurs dépenses par habitant au niveau de 1991. Ce fut également le cas en Ontario, alors que le Québec ramenait ses dépenses de programmes par habitant au niveau de 1992.

8. Un endettement public élevé selon les standards internationaux (TOP)

Il est possible d'établir des comparaisons internationales afin de situer la dette québécoise par rapport aux autres provinces et à d'autres pays. Le graphique 73 illustre le résultat de ces calculs en comparant le Québec et l'Ontario avec le Canada, les États-Unis et la moyenne de l'OCDE. L'encadré 13 présente des comparaisons interprovinciales détaillées.

Dans cette comparaison, la situation du Québec apparaît contrastée. D'une part, le Québec ressort comme jouissant d'un endettement net modéré. Par rapport aux États-Unis et à la moyenne des pays de l'OCDE, la dette nette du Québec est nettement moindre, inférieure de l'ordre de 10 points de pourcentage du PIB.

D'autre part, pour ce qui est de l'endettement brut, le portrait change du tout au tout. Clairement, la dette brute du Québec apparaît comme la plus lourde en proportion du PIB. Le Québec dispose donc d'une dette brute lourde mais d'actifs financiers importants.