Impacts potentiels du télétravail sur les comportements en transport, la santé et les heures travaillées au Québec

Ce rapport de recherche utilise les données de l’Enquête sociale générale (ESG) de Statistique Canada menée en 2010 afin d’établir une caractérisation statistique des télétravailleurs québécois et d’estimer certains des impacts potentiels du télétravail sur les comportements relatifs aux déplacements, la santé et les heures travaillées. Nous présentons d’abord le contexte ayant mené à la croissance du télétravail, des estimations de la taille des populations de travailleurs concernés par les différents types de télétravail en fonction des industries et des principales statistiques socioéconomiques et spatiales. Ces résultats sont ensuite mis en perspective avec les expériences hors Québec, notamment en ce qui a trait aux mesures incitatives pour favoriser le télétravail.

Dans un deuxième temps, nous procédons à des estimations visant à expliquer l’activité de télétravail. Nous montrons que le nombre de télétravailleurs québécois se situe dans la moyenne nationale, mais, toutes choses étant égales par ailleurs, la probabilité d’observer du télétravail au Québec serait plus grande qu’ailleurs au Canada. Comparativement aux employés travaillant uniquement du lieu habituel de travail, les télétravailleurs sont en moyenne plus riches et éduqués, plus urbains, habitent plus près ou plus loin du lieu de travail et sont moins syndiqués.

Dans un troisième temps, nous estimons économétriquement les relations entre le télétravail et : i) les temps totaux de déplacements ; ii) les horaires de déplacements ; iii) les niveaux de santé, de stress déclarés et du sentiment d’être pressé et iv) les heures travaillées. Ces estimations tiennent compte des comportements en fonction des types d’organisation du travail, des caractéristiques socioéconomiques et des emplois du temps. Les modèles estimés considèrent spécifiquement le Québec et montrent qu’il n’y aurait généralement pas de différences significatives entre les répondants du Québec et ceux du reste du Canada.

En ce qui concerne les comportements en transport, le télétravail est généralement associé à une réduction des déplacements en périodes de pointe. Par contre, comparativement au travail uniquement du lieu habituel (p. ex. bureau), le télétravail pourrait avoir différents effets sur le temps total de déplacements durant la journée de travail. Les employés travaillant exclusivement de la maison se déplaceraient en moyenne 19 minutes de moins, tandis que ceux partageant le travail entre la maison et le lieu habituel auraient des temps équivalents. Les employés travaillant de plusieurs endroits, incluant des tiers-lieux, auraient des temps de déplacements supérieurs d’environ 17 minutes par jour en moyenne.

En termes d’heures travaillées, selon ses différentes formes, le télétravail mènerait à des baisses ou à des hausses pour la journée d’enquête. Comparativement aux employés qui ont travaillé uniquement du lieu de travail habituel, ceux travaillant uniquement de la maison auraient travaillé environ 2 heures 15 minutes de moins. Les répondants ayant combiné le travail à la maison et/ou celui au lieu habituel de travail avec d’autres lieux travailleraient environ 43 minutes de moins. Par contre, les employés ayant travaillé de la maison et du lieu de travail habituel rapportent près de 49 minutes de travail de plus. Finalement, le télétravail est associé à une hausse des sentiments de stress et d’être pressé, mais n’aurait pas de liens avec la santé déclarée.

 

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