16 septembre 2020

Professions et industries : quels sont les risques de transmission de la COVID-19 ?

Un outil pour faire face à la deuxième vague adapté pour le Québec par des chercheurs CIRANO

 

Marie Connolly et Catherine Haeck, toutes deux professeures à l'ESG UQAM et chercheuses au CIRANO, et Pierre-Loup Beauregard, doctorant à la Vancouver School of Economics, ont adapté pour le Québec un outil de visualisation des risques par profession et industrie en lien avec la COVID-19 (outil développé par des chercheurs de la Vancouver School of Economics).

 

La propagation de la COVID-19 à travers le monde a déclenché une série de mesures exceptionnelles visant à freiner la transmission du virus : fermetures de lieux publics, d'entreprises, de commerces et d'écoles, fermetures des frontières, recours massif au télétravail. Ces mesures ont permis « d'aplatir la courbe » de la progression de la maladie mais elles ont eu un coût élevé sur l'activité économique au pays.

 

La question qui se pose est donc de savoir comment gérer la situation pour les mois à venir, pour endiguer la crise sanitaire, mais en évitant un confinement généralisé qui viendrait s'ajouter aux coûts économiques de la première vague. Quels secteurs sont les plus à risque ? Quelles professions mettent leurs travailleurs dans des situations qui favorisent la propagation du virus ? Si l'on doit fermer des pans de l'activité économique, comment le faire en ayant toutes les données en main pour prendre des décisions éclairées ?

 

Marie Connolly explique : « Notre outil permet de mieux comprendre la relation entre les risques de transmission du virus et l'économie. Il peut être consulté pour

  • guider les décisions entourant la réouverture des secteurs et les fermetures subséquentes en lien avec une possible deuxième vague;
  • aider à identifier les professions à risque à l'intérieur des industries et à trouver des façons de mitiger ces risques. »

 

Sur quels indicateurs repose l'outil ?

L'outil se penche sur les caractéristiques des professions les plus susceptibles de favoriser la transmission du virus, mais aussi sur les caractéristiques des travailleurs mêmes et de leur milieu de vie. « Un indice de risque de transmission virale a été calculé pour chaque profession et intègre différents facteurs tels que par exemple la proximité physique, l'exposition aux maladies, le contact avec les autres, les discussions en face à face, l'utilisation du transport en commun, le fait d'habiter un logement surpeuplé ou d'habiter avec un travailleur de la santé. » souligne Catherine Haeck.

Concrètement, en croisant l'indice de risque de transmission virale (créé à partir des caractéristiques des professions et travailleurs) avec plusieurs indicateurs de l'importance des secteurs économiques, l'outil permet aux décideurs politiques d'identifier les professions et industries qui nécessitent une attention particulière dans le cadre d'une éventuelle deuxième vague.

 

Que peut-on apprendre de l'outil ?

Voici quelques exemples de constats et de faits saillants tirés de l'analyse des données de l'outil :

  • Sans surprise, la santé est un secteur particulièrement à risque. Advenant une deuxième vague, il sera important de mettre l'accent sur la continuité d'emploi des personnes qualifiées.
  • Le secteur de la fabrication a un poids important dans l'économie québécoise et présente des risques de transmission virale relativement faibles. La fabrication constitue donc un secteur clé pour la relance économique, en s'assurant toutefois de mettre en place des mesures de protection adéquates.
  • Le commerce de gros, le transport et entreposages ainsi que la construction sont trois industries pour lesquelles les indices de risque sont faibles. Leur fermeture ne réduirait vraisemblablement pas assez la transmission virale pour en justifier la fermeture dans l'éventualité d'une deuxième vague.
  • Le secteur de l'hébergement et de la restauration est un de ceux ayant été le plus touché par les mesures de confinement, avec des pertes d'emploi de plus de 50 % entre février et avril 2020. Avec un indice de risque relié à la COVID-19 élevé, la réouverture de cette industrie représente un défi de taille. Restreindre les activités dans ce secteur est certainement défavorable pour les restaurateurs et hôteliers, mais l'impact sur l'économie est moindre que celui qu'on observerait en contraignant les activités d'autres secteurs.

 

L'outil permet également d'identifier certaines dynamiques intéressantes. Par exemple, on constate que certaines professions ont été démesurément affectées par les fermetures d'école : les éducatrices/éducateurs de la petite enfance, les infirmières/infirmiers auxiliaires, les enseignant(e)s au primaire et secondaire, les hygiénistes et thérapeutes dentaires, les policières/policiers les gestionnaires des systèmes informatiques, et les directeurs/directrices des ressources humaines.

 

L'outil développé est un instrument utile et essentiel comme source de données probantes afin d'éclairer les décisions relatives à l'emploi et à l'économie.

 

Pour en savoir plus

Consulter le site de l'outil de visualisation dynamique sur le site du CIRANO

Consulter l'article Perspectives : « Professions et industries : quels sont les risques de transmission de la COVID-19 ? Un outil pour faire face à la deuxième vague », Pierre-Loup Beauregard, Marie Connolly et Catherine Haeck, Août 2020, PE2020-40