11 septembre 2020

COVID-19 : Des risques perçus différemment au sein de la population et des consignes sanitaires non uniformément respectées au Québec

À l'approche d'une éventuelle et très redoutée seconde vague de la pandémie de la COVID-19 au Québec, le CIRANO dévoile les résultats d'une étude qui fait le point sur la perception des risques et le respect des consignes sanitaires par la population au Québec.

 

« Les résultats de cette étude permettent d'expliquer les derniers développements concernant l'évolution de la pandémie au Québec - les jeunes adultes respectent moins les consignes sanitaires tout en déclarant avoir un risque plus élevé de contracter le virus. De plus, les résidents de Québec ont une propension plus faible à respecter les consignes sanitaires, ce qui peut expliquer l'augmentation récente des cas dans cette région » explique Charles Bellemare, coauteur de l'étude, professeur à l'Université Laval et chercheur au CIRANO.

 

Les risques perçus associés à la COVID-19 influencent les choix importants des individus face au virus, incluant le respect des consignes sanitaires, la décision de se rendre sur son lieu de travail, etc. « Les résultats de cette recherche pourront ainsi permettre d'anticiper le comportement de différents groupes de personnes en prévision d'une seconde vague de la COVID-19 et de faire des liens entre les risques perçus (sous ou surestimation) et le respect des consignes de la santé publique » précise Nathalie de Marcellis-Warin, coauteure de l'étude, professeure à Polytechnique Montréal et présidente-directrice générale du CIRANO.

 

Extrêmement dense en informations, le rapport de recherche CIRANO est basé sur une enquête conduite entre le 20 et le 30 juillet 2020 auprès d'un échantillon représentatif de 1502 Québécois âgés de 18 à 70 ans. Nous en livrons ici les faits les plus marquants.

 

« Nos résultats révèlent que les Québécois ont une mauvaise compréhension du niveau de risque de contracter le virus et des complications en découlant et que les comportements de prévention varient selon divers indicateurs socio-économiques. Par exemple, on constate que les répondants ayant eu un résultat de test positif pour la COVID-19 ont une prédisposition plus faible de respecter les directives concernant les rassemblements, ce qui nous semble assez inquiétant » souligne Sabine Kröger, coauteure de l'étude, professeure à l'Université Laval et chercheure au CIRANO.

 

Perception des risques

  • Les répondants surestiment de manière importante les risques passés de contracter le virus (le risque d'infection perçu est 12 fois plus élevé que le risque objectif pour les répondants des régions de Montréal et Laval, il est 309 fois plus élevé pour les répondants du Bas-Saint-Laurent).
  • Les Québécois estiment qu'ils ont une probabilité importante de contracter le virus au courant des 6 prochains mois - excédant 20% pour les régions de Montréal, Laval, Côte-Nord et le Nord du Québec.
  • Les répondants à plus faibles revenus, ceux vivant avec des incapacités ainsi que ceux ayant des facteurs de risque associés au virus ont des risques perçus de développer des symptômes lourds et de mourir du virus plus élevés.
  • Les répondants qui connaissent une personne ayant contracté le virus estiment que les risques passés et futurs de contracter le virus sont plus élevés.
  • Les jeunes adultes sont les plus susceptibles d'exagérer les risques de contracter le virus mais ils sont aussi significativement plus incertains concernant leur confiance dans leur estimation des risques.
  • 40 % des répondants ont indiqué avoir au moins un facteur de risque associé à la COVID-19 (par exemple asthme, diabète, obésité, etc..) et estiment avoir des risques passés et futurs de contracter le virus plus élevés. Ces personnes vulnérables se protègent davantage (port du masque, lavage des mains).

 

Comportements de prévention

  • Seulement 60% des répondants affirment toujours se laver les mains en rentrant chez eux (incluant ceux qui présentent des facteurs de risques et ceux qui vivent avec d'autres personnes).
  • Concernant le port du masque (obligatoire dans les lieux publics fermés depuis le 18 juillet 2020), 30% des répondants déclarent toujours le porter lorsqu'ils sortent et 65% presque toujours. Seulement 4 % déclarent le porter seulement quelques fois, voire jamais.
  • 65 % des répondants considèrent que c'est important que les directives concernant les rassemblements soient toujours respectées.
  • Les répondants de la région métropolitaine de Québec ont une propension plus faible à se laver les mains et porter le masque que les répondants des autres régions.
  • Les répondants ayant eu un résultat de test positif pour la COVID-19 ont une prédisposition plus faible à respecter les directives concernant les rassemblements.
  • Par contre, les répondants qui connaissent une ou plusieurs personnes atteintes de la COVID-19, ont une prédisposition plus élevée de respecter les directives concernant les rassemblements.
  • Les hommes ont plus tendance à ne pas se laver les mains en rentrant à la maison, à ne pas toujours porter un masque et à ne pas trouver important que les mesures de rassemblements soient toujours respectées.
  • Les personnes les plus âgées ont plus tendance à toujours se laver les mains en rentrant à la maison, à toujours porter un masque et à trouver important que les mesures de rassemblement soient toujours respectées.
  • Les travailleurs qui se rendent sur leur lieu de travail ne considèrent pas qu'il soit important de respecter les mesures de rassemblement.

 

Pour en savoir plus

Consulter le rapport de projet CIRANO : « Perceptions des risques et relance de l'économie en situation de pandémie de la COVID-19 », Sabine Kröger, Charles Bellemare et Nathalie de Marcellis-Warin, Septembre 2020, 2020RP-24

 

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