19 juin 2018

Baromètre CIRANO 2018

 

Après le transport collectif et l'intelligence artificielle, quelles sont les autres enjeux des Québécois?

À l’aube des élections provinciales, le CIRANO a dévoilé le 19 juin les résultats de son Baromètre 2018 qui fait le point sur les préoccupations et les perceptions des Québécois envers 47 enjeux de société. « Cette étude permet notamment de mieux connaître les attentes et les aspirations des citoyens face à différents sujets tels que l’accès aux services de santé et à l’éducation, l’économie et les finances personnelles, les infrastructures de transport, l’environnement, les grands projets énergétiques et l’immigration », précise Nathalie de Marcellis-Warin, coauteure de l’étude, professeure titulaire à Polytechnique Montréal et présidente-directrice générale du CIRANO. Extrêmement dense en informations de tout ordre, le Baromètre CIRANO trace un portrait assez évocateur des priorités des Québécois, nous vous en livrons ici les faits les plus marquants.

 

Santé

Sans grande surprise, la santé représente – encore et toujours – la principale source de préoccupation des Québécois comme le rapporte le Baromètre CIRANO depuis sa création en 2011. Notamment, la très grande majorité (79 %) des Québécois considèrent que l’engorgement dans les urgences constitue un risque très important pour la province. Leurs inquiétudes en ce qui concerne l’accès aux services de santé semblent toutefois s’amoindrir puisque ce pourcentage est passé de 77 % en 2011 à 70 % en 2018. « Tout porte donc à croire que les efforts consentis pour améliorer l’accès à un médecin de famille et les dernières données de l’Institut de la Statistique du Québec aient contribué à rassurer les Québécois à ce chapitre », avance Ingrid Peignier, coauteure de l’étude et directrice de projet, des communications et des relations partenaires au CIRANO.

 

Éducation

Bien que l’éducation demeure un enjeu de taille pour les Québécois, le portrait qu’en font les Québécois semble globalement positif et en amélioration au fil du temps. Ainsi, le pourcentage de la population qui considère que l’accès à l’éducation représente « un grand ou un très grand risque » au Québec a considérablement chuté au cours des deux dernières années, passant de 37 % en 2016 à 28 % en 2018. Il en est de même pour le décrochage scolaire qui semble préoccuper moins de Québécois cette année (40 %) qu’en 2016 (49 %). En outre, la confiance dans la gestion par le gouvernement de ces deux enjeux a augmenté au fil des années. Fait intéressant : le décrochage scolaire semble davantage inquiéter les francophones alors que l’accès aux études universitaires interpelle surtout les allophones.

 

Économie

Les Québécois sont toujours autant préoccupés par les risques économiques et financiers au niveau personnel mais le sont moins qu’en 2016 au niveau collectif. En outre, le risque perçu pour l’ensemble des enjeux économiques à l’étude est en baisse depuis 2016. Ainsi, 59 % d’entre eux se montrent inquiets par une éventuelle hausse du coût de la vie et des taux d’intérêt (contre 65 % en 2016), et 51 % éprouvent des craintes face aux revenus de retraite et à la solvabilité des régimes de retraite (57 % en 2016). Côté chômage, on constate une baisse significative des niveaux de risque perçu : 26 % de la population perçoit aujourd’hui ce risque comme étant élevé (c’est même 9 % seulement des répondants de la région métropolitaine de Québec) alors qu’ils étaient 46 % à le croire en 2016.

« Nos résultats révèlent que les Québécois se sentent de moins en moins préoccupés par l’endettement des ménages (57 % en 2018 contre 69 % en 2013). Cette perception semble malheureusement se traduire dans la réalité par un taux d’endettement qui ne cesse de croître au Québec depuis 2013. Dans ce contexte, une meilleure sensibilisation des Québécois aux saines habitudes de consommation est primordiale. », suggère Nathalie de Marcellis-Warin.

 

Immigration

La situation actuelle de plein emploi soulève indéniablement la question de pénurie de main d’œuvre. À ce chapitre, il semble que les Québécois perçoivent l’immigration comme faisant partie de la solution. Ainsi, 59 % se montrent favorables à l’intégration de nouveaux arrivants et 68 % en perçoivent des bénéfices pour le Québec. Certains se montrent toutefois plus inquiets face à l’immigration : les femmes (53 % contre 43 % des hommes), les personnes âgées entre 55-74 ans (55 % contre 39 % des moins de 35 ans) et les francophones (50 % contre 36 % des anglophones et 31 % des allophones). L’occupation et le niveau de scolarité influencent également grandement les perceptions face à l’immigration.

 

Environnement et projets énergétiques

En 2018, les Québécois se montrent toujours aussi sensibles aux questions environnementales. Ainsi, plus de la moitié d’entre eux (52 %) considèrent que les changements climatiques représentent « un grand ou très grand risque » pour notre société.  Les perceptions de l’existence et de l’origine des changements climatiques n’ont également pas évolué. Il reste toutefois encore 22 % de la population que l’on peut qualifier de « climato-sceptiques ».

En ce qui a trait aux projets énergétiques, le Baromètre CIRANO 2018 nous apprend que 65 % des Québécois sont opposés à l’exploration du gaz de schiste et que seulement 13 % d’entre eux perçoivent ce type de projets comme « plutôt ou très bénéfiques » pour l’économie québécoise. En parallèle, l’exploration du pétrole semble toujours autant diviser les Québécois : 48 % y sont opposés (contre 51 % en 2016) et 25 % y voient des bénéfices (23 % en 2016). Le niveau de risque perçu pour ces deux enjeux a cependant pris un peu de recul depuis 2016 : 39 % de la population croient que l’exploration du gaz de schiste représente un risque « grand ou très grand » (41 % en 2016) alors que cette proportion atteint 33 % lorsqu’on les questionne sur l’exploration du pétrole (39 % en 2016).

 

Infrastructures de transport

Troisième principale source de préoccupation sur le plan collectif, les infrastructures de transport inquiètent encore de toute évidence les Québécois. Leur appréhension par rapport à ce risque s’est même accrue au cours des dernières années : passant de 64 % en 2016 à 67 % cette année. Leur niveau de confiance envers les capacités du gouvernement à corriger la situation semble aussi s’effriter : 55 % des Québécois affirment n’avoir « pas du tout ou plutôt pas » confiance en l’État pour gérer l’état des infrastructures de transport alors que ce pourcentage s’élevait à 44 % en 2016. « À notre avis, ces perceptions sont davantage le reflet des nombreux travaux en cours et des entraves visibles à la circulation qu‘à l’état réel des infrastructures routières, soutient Ingrid Peignier, car les données publiées par le ministère des Transports du Québec et la Ville de Montréal ne nous indiquent pas de détérioration de la situation. »

 

À la lumière de ces résultats, un constat s’impose : certaines perceptions sont le reflet de la réalité alors que d’autres s’en éloignent. « Toutefois, cette dissonance entre perception et réalité peut parfois engendrer de graves conséquences. D’où l’importance de communiquer les bons messages à la population et de faire circuler les vraies données, soutient Nathalie de Marcellis-Warin. Surtout dans le contexte où notre enquête révèle une baisse systématique de l’utilisation des sources d’information par les Québécois. Il est toutefois rassurant de constater que les seuls auprès de qui la population s’informe davantage (17 %) sont les experts (contre 14% en 2016). »

 

Cette enquête a été réalisée entre le 5 et le 10 avril 2018 auprès de 1013 répondants représentatifs de la population du Québec.

 

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À propos du Baromètre CIRANO : Analyses de données d’enquêtes annuelles réalisées depuis 2011 auprès d’un échantillon de 1000 répondants représentatif de la population du Québec pour mieux connaître la perception des risques des Québécois sur 47 enjeux/projets groupés en sept grands enjeux de société : les enjeux de l’environnement, les enjeux industriels, les enjeux des innovations technologiques, les enjeux de santé, les enjeux de sécurité, les enjeux socio-économiques et les enjeux des infrastructures et des projets publics. Le Baromètre permet d’enrichir la réflexion et surtout de fournir des informations pertinentes dans le processus de prise de décision stratégique en présentant aux décideurs les préoccupations du public sur différents enjeux de société, qui pourront alors être intégrées dans l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques publiques.