01 juin 2018

Perception des Québécois sur la mobilité durable - Dévoilement en primeur des résultats du Baromètre CIRANO

Nathalie de Marcellis-Warin, présidente-directrice générale du CIRANO et professeure titulaire à Polytechnique Montréal, et Ingrid Peignier, directrice de projets et directrice des relations partenaires et des communications au CIRANO, ont dévoilé en primeur, dans le cadre des Grands Rendez-vous de Polytechnique Montréal à la Grande Bibliothèque de Montréal, les résultats du Baromètre CIRANO 2018 spécifique à la mobilité durable.

Nos comportements en matière de transport sont en pleine mutation. De nouvelles alternatives voient le jour : véhicules électriques, véhicules autonomes, autopartage, etc. Dans ce contexte, les auteures ont cherché à mieux comprendre les perceptions des Québécois face à ces changements. Quelles sont les perceptions des Québécois vis à vis des innovations reliées aux véhicules (véhicules électriques, véhicules autonomes) ? De quel œil voient-ils ces différentes options de remplacement à la voiture personnelle ? Comment leur volonté de développer le transport en commun se manifeste aujourd’hui dans leurs comportements ?

Les résultats présentés dans cette étude reposent sur l’analyse d’une enquête réalisée entre le 5 et le 10 avril 2018 auprès d’un échantillon de 1013 répondants représentatif de la population du Québec.

 

FAITS SAILLANTS

Véhicules électriques
86 % des Québécois sont pour plus de véhicules électriques. 91 % des répondants qui considèrent que les changements climatiques sont une réalité causée par l’activité humaine sont pour plus de véhicules électriques contre seulement 61 % de ceux qui pensent que les changements climatiques ne sont pas prouvés scientifiquement.

Véhicules autonomes
37 % des Québécois aspirent à plus de véhicules autonomes. Il s’agit d’une part relativement élevée de la population alors même que quelques jours avant la collecte des données de l’enquête, deux accidents mortels ont eu lieu avec des véhicules autonomes aux États-Unis. D’autres facteurs pourraient expliquer pourquoi certains Québécois sont contre plus de véhicules autonomes. En effet, si on met en relation les résultats de l’étude de cas sur la mobilité avec d’autres questions du Baromètre CIRANO 2018 relative à l’intelligence artificielle (IA), on constate clairement que les Québécois contre les voitures autonomes :

  • sont moins familiers avec le terme « Intelligence artificielle » que ceux qui sont pour ;
  • sont plus préoccupés par les risques reliés aux innovations technologiques que ceux qui sont pour (17 % vs 10 % ; p=0,001) ;
  • sont plus inquiets personnellement du développement de l’IA et des robots que ceux qui sont pour ;
  • sont plus inquiets collectivement pour le Québec du développement de l’IA et des robots que ceux qui sont pour ;
  • sont moins prêts à déléguer certaines de leurs tâches à une IA ou à un robot (40% vs 70 % de ceux qui sont pour; p=0,000).

Les perceptions relatives à ces deux types de véhicules varient en fonction de certaines variables sociodémographiques. Ainsi, les hommes et les Milléniaux (91 % et 49 % des moins de 35 ans sont respectivement pour plus de véhicules électriques et pour plus de véhicules autonomes) sont plus nombreux de façon significative à affirmer être pour plus de véhicules électriques et autonomes.

Un changement de société s’opère : autopartage et transport en commun
La propriété automobile constitue de moins en moins un signe de réussite professionnelle comme ce pouvait être le cas il y a même encore 15 ans. Aujourd’hui c’est la mobilité qui compte. Ainsi, de plus en plus de Québécois ne possèdent plus de voitures et optent plutôt pour des services d’autopartage. À ce chapitre, l’étude révèle que 72 % des Québécois aspirent au développement de ce type d’offre. Les célibataires (80 %) y sont davantage en faveur que les couples (67 %). En contrepartie, les Québécois de 75 ans et plus (54 %) s’y montrent plus défavorables que le reste de la population adulte (73 % des 18-74 ans).

Est-ce à dire que le déploiement des services d’autopartage s’effectuerait au détriment du transport en commun? Rien n’est moins sûr puisque la très grande majorité des Québécois (83 %) aspirent à voir se développer de grands projets de transport en commun. Sans grande surprise, les plus enclins habitent la grande région de Montréal (86 % contre 78 % dans la RMR de Québec) et sont âgés de moins de 35 ans (86 % contre 64 % des plus de 75 ans). Faits intéressant, 82 % des Québécois adhèrent à l’idée d’une tarification sociale du transport en telle que la gratuité pour les ainés ou encore une réduction pour les personnes à faible revenu.

REM ou ligne rose ?
Quels grands projets de transport collectif ont davantage la cote auprès des Québécois ?

  • 77 % sont pour le REM (Réseau express métropolitain) (de façon non surprenante, les répondants de Montréal (région métropolitaine de recensement) sont les plus nombreux de façon significative à être pour à hauteur de 82 %) ;
  • 71 % sont pour la « ligne rose » du métro à Montréal ;
  • 70 % sont pour le tramway à Québec (étonnamment les répondants de Québec (région métropolitaine de recensement) sont les moins nombreux à être pour, à hauteur de 63 %) ;
  • 53 % sont pour le Grand Déblocage pour le grand Montréal.

Tout le monde est pour la vertu, mais est-ce que cela se reflète réellement dans les comportements des Québécois dans leurs déplacements ? 43 % des Québécois sont plutôt d’accord ou tout à fait d’accord avec l’affirmation suivante « lorsque c’est possible, j’utilise les transports actifs (marche, vélo, etc.) plutôt que ma voiture ». Mais c’est seulement le cas de 29 % des Québécois lorsqu’on les interroge sur l’utilisation des transports en commun plutôt que la voiture lorsque c’est possible. Cependant, 48 % affirment qu’ils opteraient davantage pour ce mode de déplacement si l’offre était mieux adaptée à leurs besoins. Ces statistiques montrent clairement l’importance d’un système de transport plus adapté à la réalité des citoyens.

En conclusion, les co-auteures de l’étude, Nathalie de Marcellis-Warin et Ingrid Peignier, ont constaté un engouement pour le développement de grands projets de transport en commun au Québec, bien qu’il soit très important que ces derniers soient adaptés aux besoins des citoyens pour susciter son adoption. Il y a en effet clairement une dichotomie entre les aspirations des Québécois et leur réalité en termes de déplacements.

Dans ce contexte, on peut se demander comment faire passer les perceptions à des comportements et à des actions ? Lorsqu’interrogés sur les trois choix de société que le Québec devrait prioriser parmi une liste de sept mesures pour favoriser la mobilité durable :

  • 58 % des Québécois préconisent des investissements dans des grands projets de transport en commun ;
  • 43 % retiennent l’investissement dans l’électrification des transports ;
  • 43 % prônent l’instauration de mesures favorisant la flexibilité du travail/ le télétravail pour réduire les coûts sociaux associés au transport (congestion etc.).

 

Pour plus d’information sur les résultats de l’étude CIRANO sur la mobilité durable, télécharger la présentation.

 

Barometre

À propos du Baromètre CIRANO : Analyses de données d’enquêtes annuelles auprès d’un échantillon de 1000 répondants représentatif de la population du Québec pour mieux connaître la perception des risques des Québécois sur 47 enjeux/projets groupés en sept grands enjeux de société : les enjeux de l’environnement, les enjeux industriels, les enjeux des innovations technologiques, les enjeux de santé, les enjeux de sécurité, les enjeux socio-économiques et les enjeux des infrastructures et des projets publics. Le Baromètre permet d’enrichir la réflexion et surtout de fournir des informations pertinentes dans le processus de prise de décision stratégique en présentant aux décideurs les préoccupations du public sur différents enjeux de société, qui pourront alors être intégrées dans l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques publiques.